Sur la plaza Italia, épicentre de la contestation qui a éclaté fin octobre 2019 à Santiago pour réclamer une société moins inégalitaire, les messages lumineux projetés par un groupe d’artistes militants sur la façade des immeubles ne parlent plus de « dignité », mais désormais de « faim », en référence à la situation que traversent les quartiers pauvres de la ville en raison du coronavirus. Mi-mai, des manifestations ont éclaté dans plusieurs communes de banlieue de la capitale, des dizaines de Chiliens bravant le confinement pour dénoncer l’insuffisance des aides de l’Etat face aux difficultés économiques provoquées par la pandémie. Le gouvernement a annoncé la distribution de 2,5 millions de colis alimentaires et déployé un revenu d’urgence familial pour les familles pauvres, de l’ordre de 65 000 pesos (74 euros) par personne. Un montant « insuffisant pour permettre à ces familles de vivre correctement », dénonce Marco Kremerman, économiste du think tank Fundación Sol. Après avoir semblé relativement épargné par la propagation du virus en mars et en avril, le Chili a finalement été rattrapé par l’épidémie : au 22 mai, ce pays de 18 millions d’habitants comptait près de 62 000 cas confirmés de Covid-19 et recensait 630 décès. Les hôpitaux sont au bord de la saturation, atteignant un taux d’occupation de 95 % des lits en soins intensifs dans la région de Santiago. Le président de droite Sebastian Piñera et son gouvernement, qui avaient encouragé dès la fin avril la réouverture des centres commerciaux et la reprise du travail présentiel, ont dû faire marche arrière le 13 mai en plaçant, pour la première fois, l’ensemble de la région de Santiago – où vivent 7 millions de personnes – en confinement.
L’afflux récent de dizaines de milliers d’Haïtiens a entraîné un durcissement des autorités. Huit heures, la capitale du Chili commence à peine à s’agiter, mais un millier de migrants sont déjà debout depuis quatre heures. Certains ont même dormi là. Ils forment une file de plus de 500 mètres devant le bureau des visas, complètement saturé. « Mais qui sont ces Negritos, ces Noirs, que font-ils là ? », murmurent, interloqués, quelques Chiliens qui traversent la Plaza de Armas, la place centrale. La « une » du journal La Tercera semble leur répondre : « Le gouvernement affirme qu’il y a plus d’un million d’étrangers. » Le Chili est le pays d’Amérique latine où le nombre d’étrangers a le plus augmenté. A l’intérieur du bureau des visas, les escaliers débordent, sur cinq étages, de personnes à bout de patience. Les gardes de sécurité peinent à faire barrage. Parmi ces étrangers qui font la queue pendant des heures et des jours, près de la moitié vient de Haïti. Ce sont eux, en réalité, qui sont au centre du débat migratoire. Et des relents racistes qui l’accompagnent. Le sujet agite ce pays de 17 millions d’habitants, coincé entre la cordillère des Andes et le Pacifique. En 2017, 111 746 Haïtiens sont entrés au Chili, contre 4 053 en 2014, puis 13 299 en 2015, année où les données ont commencé à grimper. Les 400 Haïtiens qui arrivent désormais chaque jour, selon les derniers chiffres donnés par la police, ne représentent, actuellement, que la sixième communauté de migrants. Les Vénézuéliens ou les Colombiens sont bien plus nombreux, traduisant les crises du continent. Et ce sont les ONG, l’Eglise et les universités qui tentent de pallier les déficits de l’Etat, en offrant surtout des services juridiques. Sebastian Piñera, le nouveau président conservateur entré en fonctions le 11 mars, vient de prendre une série de mesures. D’une part, il a annoncé qu’un projet de loi migratoire serait bientôt présenté devant le Parlement. De l’autre, il a déjà pris des mesures par décret, notamment concernant les Haïtiens et les Vénézuéliens. Depuis le 16 avril, les Haïtiens – c’est déjà le cas pour la majorité des Latino-américains et des Caribéens, à l’exception des Equatoriens et des Argentins – doivent désormais, pour entrer au Chili, avoir un visa, qu’ils doivent demander au consulat chilien à Port-au-Prince, qu’il soit touristique, de travail ou humanitaire – ce dernier sera restreint à 10 000 Haïtiens par an. Jusqu’ici, aucun visa n’était exigé. Les décrets présidentiels incluent aussi un processus de régularisation extraordinaire pour les 300 000 migrants – toutes nationalités confondues – actuellement en situation irrégulière. Depuis lundi 23 avril, ils ont un délai d’un à trois mois pour demander un permis de résidence d’un an, même si l’on ignore combien de personnes pourront en bénéficier. Dalinx Noel, 33 ans, est arrivé de Haïti, après neuf heures de vol, en juin 2016. « Un jour, j’ai vu une femme acheter cash cinq billets d’avion pour le Chili. Sans trop savoir pourquoi, je suis parti aussi », explique-t-il. Le durcissement des conditions d’entrée aux Etats-Unis et en Europe pousse en effet les migrants haïtiens vers d’autres destinations. Le Brésil et le Chili se sont imposés presque naturellement en raison de la forte présence dans l’île de casques bleus de ces pays. Lorsque l’économie brésilienne a commencé à vaciller – après le Mondial et les JO –, les Haïtiens ont migré vers le Chili, le nouveau pays riche de la région. Parmi eux, 70 % sont des hommes et la moyenne d’âge est de 30 ans. Dalinx est arrivé confiant au Chili : « Stabilité, travail, possibilité d’étudier et d’être soigné à l’hôpital », résume-t-il. Mais il va rapidement déchanter. Malgré une licence en administration économique et sociale de l’université d’Etat de Haïti et un bon niveau d’espagnol, les 300 CV qu’il a envoyés restent sans réponse. Découragé, il a effacé toutes les lignes de son curriculum et inscrit, en gros, un seul mot : plombier. On l’appelle la semaine suivante. Il découvre alors un monde d’abus contre lui et « ses frères », et fait une formation en droit pour apprendre à se défendre. Au même moment, une Chilienne qui travaille à l’inspection du travail tombe sur un cas d’esclavagisme dans les champs. « Les patrons prenaient les passeports d’Haïtiens et les menaçaient de les dénoncer à la police », raconte-t-elle, souhaitant garder l’anonymat. Elle a aidé Dalinx à monter l’association Fupa (Fondation Urgence Pays). Il se rend chaque week-end en banlieue pour expliquer la législation aux autres Haïtiens. Evens Clercema, lui, s’attache à donner une image positive des Haïtiens. Premier animateur noir de l’histoire de la télé chilienne, Evens est aussi danseur professionnel. Il a pu obtenir une licence de sociologie et danser, en prime time, devant la présidente d’alors, Michelle Bachelet. La compagne d’Evens, Maria Paz Hernandez, une Chilienne de 34 ans, est ingénieure. Le couple attend un enfant et symbolise une intégration réussie, mais Evens ne se leurre pas : « L’Europe a conquis l’Amérique puis a amené des Noirs pour y travailler. Nous avons toujours été vulnérables. » Rodrigo Azocar, 30 ans, avocat à la tête du centre d’aide juridique de l’Université catholique, un système d’assistance gratuite offert par professeurs et étudiants en droit, ne prononce, pour sa part, le mot « racisme » qu’avec difficulté. « C’est tabou ici. Quand j’étais petit, je me retournais dans la rue quand je voyais un Noir tellement c’était rare. » Cependant, il corrobore sans hésiter la vulnérabilité des Haïtiens qu’il aide au quotidien. Ces derniers sont souvent victimes d’agressions au couteau, de vols et d’expulsions par des propriétaires peu scrupuleux. Aucune statistique n’existe concernant le nombre de Haïtiens morts de froid dans les rues ou les résidences précaires. mais le cas de Benito Lalane, 31 ans, décédé en juin 2017, en plein hiver austral, a fait grand bruit dans le pays. Pablo Valenzuela, 38 ans, est directeur du Service jésuite pour les migrants, la principale organisation non gouvernementale ayant pour vocation de protéger les migrants. Il en reçoit 5 161 par an, dont 47 % d’Haïtiens : « Ce sont les plus exclus, de par la langue et de par leur afro-descendance, dans un pays qui se croit plus blanc que ce qu’il n’est vraiment », dit-il en référence aux peuples indigènes du Chili. Sa priorité : éviter les expulsions ; 6 656 expulsions ont été prononcées entre 2016 et 2017, soit une toutes les trois heures. « Début mars, 62 Haïtiens ont été détenus plusieurs jours à l’aéroport par la PDI, la police d’investigation. La Cour suprême a reconnu que c’était illégal, mais la police est passée outre et les Haïtiens ont été déportés », explique Pablo Valenzuela. Tomas Greene, avocat au centre d’aide juridique, angoisse depuis l’annonce du président Piñera d’une nouvelle loi migratoire qui doit être débattue prochainement par le Parlement, et dont les contours sont encore flous : « Jusqu’ici, c’était dur, mais je pouvais les aider. Tout le système juridique et policier va désormais s’abattre sur eux. »
Le gouvernement chilien a rendu hommage à « son courage pour réaliser le rêve de toute une vie, combattre les stéréotypes et ouvrir la voie aux autres femmes ». Margot Duhalde a pris son envol. Seule femme pilote des Forces françaises libres durant la seconde guerre mondiale, la Chilienne est morte à l’âge de 97 ans à Santiago, a annoncé, lundi 5 février, le gouvernement chilien. Les autorités, qui n’ont pas précisé les causes de sa mort, ont rendu hommage à « son courage pour réaliser le rêve de toute une vie, combattre les stéréotypes et ouvrir la voie aux autres femmes ». « Margot Duhalde a prouvé dans un monde d’hommes qu’il n’y a rien d’impossible pour les femmes », a réagi sur Twitter la présidente chilienne, Michelle Bachelet. Margot Duhalde avait été une pionnière de l’aviation chilienne. « Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu voler », avait-elle confié à l’Agence France-Presse en 2017. A peine âgée de 16 ans, elle était parvenue à convaincre ses parents de la laisser quitter Rio Bueno, localité du sud du Chili, pour s’installer à la capitale, Santiago, afin d’apprendre à voler. Quitte à mentir. A 20 ans et avec à peine une cinquantaine d’heures de vol à son actif, cette femme au caractère bien trempé est engagée comme sergente-pilote par le consulat de la France libre à Santiago. Elle avait notamment cacher son astigmatisme avant d’embarquer pour l’Angleterre. Grâce à l’intervention d’un pilote français rencontré au Chili, elle rejoint finalement l’Air Transport Auxiliary (ATA), organisation au service de la Royal Air Force, pour assurer le transfert des avions entre les usines et les aérodromes, dont le célèbre Spitfire, l’un des chasseurs de combat les plus utilisés par les Alliés pendant la seconde guerre mondiale.Ces ferry pilots de l’ATA recevaient des formations théoriques sur les appareils à convoyer, qu’il devaient ensuite manier en s’appuyant uniquement sur un manuel. « Les hommes disaient toujours que les femmes n’allaient pas être capables de piloter les avions, mais ils devaient ravaler leur fierté, parce qu’en réalité nous volions aussi bien qu’eux ! », se rappelait Margot Duhalde en 2017. Avec ses actes héroïques, cette mère d’un enfant a fait l’unanimité : elle été décorée par l’Angleterre, le Chili et la France, où elle a reçu la Légion d’honneur. Margot Duhalde a volé pour la dernière fois en 2007 à 86 ans.
Les manifestantes exigent un protocole à appliquer dans les universités en cas de harcèlement sexuel. On n’avait jamais vu cela au Chili. Depuis deux semaines, des centaines d’étudiantes occupent, les unes après les autres, des universités à travers tout le pays, pour dénoncer le harcèlement sexuel et le sexisme dans l’enseignement supérieur, exigeant une lutte effective contre les violences sexuelles. « Education sexuelle publique, féministe et non sexiste », « Non au harcèlement sexuel et à l’impunité » ou encore « Etat patriarcal, nous allons t’avorter » : d’immenses banderoles recouvrent les façades de près d’une vingtaine de prestigieux établissements supérieurs à Santiago, mais aussi à Valdivia, Concepcion et Temuco, dans le sud du pays, en passant par Valparaiso (Centre-Ouest). Ce mouvement a été rejoint à Santiago par des élèves de plusieurs collèges qui dénoncent des dizaines de cas de harcèlement sexuel, ignorés par les autorités. L’occupation féministe des universités est partie, à la fin d’avril, de l’université australe de Valdivia après qu’un enseignant, soupçonné de harcèlement sexuel sur une employée, a été renvoyé, tout en bénéficiant d’une importante prime de licenciement. Deux semaines plus tard, c’était le tour de la faculté de droit de l’université du Chili, où les étudiantes ont dénoncé l’inefficacité de la procédure engagée contre un professeur, lui aussi accusé de harcèlement sexuel à l’encontre d’une étudiante. Après huit mois d’enquête, cet enseignant a simplement été sanctionné pour faute administrative. Les manifestantes exigent que toutes les universités mettent en place un protocole à appliquer en cas de harcèlement sexuel et que les coupables soient systématiquement sanctionnés, ce qui est rarement le cas aujourd’hui. Actuellement, aucun texte n’encadre le harcèlement sexuel entre professeurs et étudiants au sein de l’université. Les étudiantes dénoncent également le manque criant de parité dans les postes à responsabilités au sein des universités, occupés en grande majorité par des hommes. Elles réclament par ailleurs une féminisation des enseignements par l’introduction des problématiques de genre dans chaque spécialité, une plus forte présence des auteures dans les bibliographies, et elles rejettent la catégorisation entre carrières considérées pour les femmes et d’autres pour les hommes. Face à l’ampleur du mouvement, qui n’a d’antécédent que les grandes mobilisations étudiantes de 2006, le ministre de l’éducation, Gerardo Varela, a été contraint de réagir. Après s’être réuni, le 9 mai, avec la ministre de la femme, Isabel Pla, il a affirmé être partisan d’« une éducation non sexiste ». M. Varela, qui s’oppose à la gratuité de l’éducation, est, en outre, critiqué par les manifestantes pour avoir nommé comme chef du service juridique du ministère de l’éducation Tomas Henriquez, qui s’est prononcé à plusieurs reprises contre la diversité sexuelle et le droit à l’avortement. La ministre de la femme a rappelé, pour sa part, que « l’égalité de genre fait partie du programme de gouvernement ». Selon elle, « il n’y a aucune raison au Chili pour que des situations de violence, du harcèlement sexuel jusqu’au viol ou le féminicide restent impunies ». Jusqu’à présent, ces deux ministres ne se sont pas réunis avec les étudiantes. Le ministère de la femme et de l’égalité des genres a été créé en 2006 par l’ancienne présidente socialiste Michelle Bachelet (2014-2018, 2006-2010). « Il existe au Chili, de toute évidence, un traitement des femmes dans l’éducation qui est terriblement injuste, avec des professeurs, qui, souvent, sans s’en rendre compte, discriminent leurs étudiantes », a admis le recteur de l’université Adolfo-Ibanez, Harald Beyer. L’écrivain chilien Rafael Gumucio a, pour sa part, enflammé les réseaux sociaux en critiquant les occupations féministes des universités, les qualifiant de « mouvements de femmes célibataires, sans enfants et sans trop de problèmes économiques » ayant « une forme de narcissisme » qui, selon lui, « n’ont rien à voir avec les historiques revendications féministes ». Dernièrement, la société chilienne, très traditionnelle et machiste, est confrontée à une série de scandales d’abus sexuels, comme le viol collectif à Santiago d’une jeune femme de 28 ans par cinq hommes portant des maillots de l’équipe de football de l’université du Chili, qui n’ont toujours pas été arrêtés. Mais aussi le viol et le meurtre brutal d’Ambar, une enfant de 20 mois. Le 3 mai, jour des funérailles de la petite fille, auxquelles ont assisté des milliers de personnes, le président de droite Sebastian Pinera a présenté au Parlement un projet de loi pour que les agressions sexuelles deviennent imprescriptibles. Jusqu’à présent, la prescription au Chili était de cinq ans pour les délits contre les mineurs et de dix ans pour les crimes visant des enfants. Lorena Astudillo, avocate du Réseau chilien contre la violence contre les femmes, rappelle qu’en 2017, il y a eu 36 féminicides au Chili et 96 tentatives d’assassinat de femmes. La même année, 22 540 plaintes pour agressions sexuelles, soit près de trois toutes les heures, ont été enregistrées, selon les chiffres du parquet national chilien.
Le souverain pontife doit recevoir du 1er au 3 juin sept nouvelles victimes du prêtre pédophile Fernando Karadima. Il en avait déjà reçu trois il y a quelques semaines. « Honteusement, je dois dire que nous n’avons pas su écouter et réagir à temps » face aux scandales d’abus sexuels au sein de l’Eglise chilienne, a reconnu jeudi 31 mai le pape François, dans une lettre adressée aux Chiliens. Le souverain pontife doit recevoir du 1er au 3 juin sept nouvelles victimes du prêtre pédophile Fernando Karadima. Il en avait déjà reçu trois, des hommes, il y a quelques semaines. Le pape récemment annoncé des « changements » à court, moyen et long termes pour rétablir « la justice » au sein de l’Eglise chilienne, après avoir lu les conclusions d’une enquête qu’il avait diligentée sur des abus sexuels commis par le clergé. Le 18 mai, l’ensemble de la hiérarchie de l’Eglise a présenté sa démission dans le cadre d’un gigantesque scandale de pédophilie et d’omerta – un coup de tonnerre qui a fait suite à une série de mea culpa du pape. Ce dernier avait d’abord pris la défense de l’évêque Juan Barros, soupçonné d’avoir tu les actes de pédophilie du prêtre Fernando Karadima dans les années 1980 et 1990. Un soutien qui avait terni sa visite au Chili en janvier. Condamné par la justice vaticane en 2011, le père Karadima a été contraint de se retirer pour une vie de pénitence. Le souverain pontife a également rappelé jeudi que les prêtres Charles Scicluna et Jordi Bertomeu, qui s’étaient rendus au Chili en février pour écouter les victimes de tels abus, se rendraient bientôt de nouveau dans ce pays d’Amérique du Sud.
Les Chiliens ont pu observer, mardi, une éclipse totale de soleil qui a provoqué plus de deux minutes d'obscurité en plein jour. Le Chili, capitale du monde en matière d'astronomie, a, en partie, partagé le phénomène avec son voisin argentin. Le Chili, épicentre de l'astronomie mondiale, a connu mardi 2 juillet deux minutes et trente-six secondes de nuit en plein jour. Les habitants ont été les heureux témoins d'une éclipse totale de soleil, également visible dans une grande partie du Pacifique ainsi qu'en Argentine. Le phénomène a commencé à 13 h 01 (19 h 01 en France) dans l'océan Pacifique. La bande d'obscurité totale, large de plus de 150 km, a ensuite atteint les côtes nord du Chili à 16 h 38 (22 h 38 en France), avant de traverser le centre de l'Argentine et de se perdre dans l'océan Atlantique.
Grand chroniqueur de l’histoire contemporaine chilienne, Patricio Guzman livre le dernier volet d’une trilogie grandiose sur son pays meurtri par la dictature de Pinochet. Les quarante-six années d’exil passées loin du Chili, où il est né en 1941, Patricio Guzman les a vécues sans que jamais ne se dissipent les fumées de sa maison d’enfance, désormais en ruine. Il les a néanmoins traversées en revenant sans cesse dans ce pays, par la voie du documentaire politique, afin d’en rapporter l’histoire et de garder le lien avec cet endroit du monde auquel il fut arraché après le coup d’Etat d’Augusto Pinochet en 1973. Les trente films qu’il a réalisés sur le Chili dont La Bataille du Chili (1974-1979), avec la participation de Chris Marker, Le Cas Pinochet (2001) ou Salvador Allende (2004), ont classé Patricio Guzman parmi les grands chroniqueurs cinématographiques de l’histoire contemporaine chilienne. Il est cette année à Cannes, en séance spéciale, pour La Cordillère des songes, dernier volet d’une trilogie dont les précédents – Nostalgie de la lumière (2010) et Le Bouton de nacre (2015) – sont à considérer comme des chefs-d’œuvre. Le troisième s’y ajoute. La Cordillère des songes est la fin d’un voyage singulier, à travers le cosmos et les entrailles de la terre (empreintes de l’histoire chilienne et du combat des hommes), que le réalisateur avait commencé d’entreprendre il y a près de dix ans. La première étape l’avait conduit dans le désert d’Atacama (Nostalgie de la lumière), la deuxième en Patagonie (Le Bouton de nacre). La troisième l’a mené aux sommets de la cordillère des Andes. Paysage de ses ancêtres, métaphore du Chili quand, comme Patricio Guzman, on en est éloigné, « malle qui renferme les lois poétiques les plus importantes », silhouette grandiose de roches dont les fissures apparaissent comme des cicatrices. La cordillère est l’écho, quand elle rugit, des tirs de répression durant la dictature, du sang versé, des corps disparus ; l’écho aussi, par ses vents parfumés, d’une douceur qui n’existe plus. Le cinéaste fait œuvre de géologue pour éclairer l’histoire passée et présente. La distance qui le sépare de son pays est géographique et temporelle. Il revient vers ce qui est immuable, ce vers quoi on se tourne quand on croit avoir tout perdu.
Le Chili et d’autres pays d’Amérique latine relativement riches absorbent une nouvelle vague migratoire en provenance de pays démunis, comme Haïti et le Venezuela. Le Chili a durci sa position vis-à-vis de l’immigration, comme a pu le constater le photographe Ivan Alvarado de l’agence Reuters dans les environs d’Arica, à la frontière avec le Pérou, au nord du pays. Il a aussi refusé de signer le pacte mondial des Nations unies pour les migrations, le comparant à une « camisole de force ». Non contraignant et symbolique, cet accord a été approuvé en décembre à Marrakech par près de 160 pays et vise à améliorer l’intégration et la protection des migrants.
Le gouvernement chilien a rendu hommage à « son courage pour réaliser le rêve de toute une vie, combattre les stéréotypes et ouvrir la voie aux autres femmes ». Une première démission refusée en début de semaine, mais une seconde validée au cours du week-end. Le pape François a accepté la démission du cardinal chilien Riccardo Ezzati, a annoncé samedi 23 mars le Vatican, cinq jours après avoir dit non à la demande du cardinal Barbarin. L’archevêque de Santiago avait, de son côté, présenté cette démission en mai 2018, comme l’ensemble des évêques chiliens, à la suite d’une série de scandales d’agressions sexuelles à l’encontre de mineurs. Cette décision intervient alors que, selon les médias chiliens, une cour d’appel chilienne a confirmé vendredi des poursuites engagées contre le cardinal Ezzati pour ne pas avoir dénoncé des agressions sexuelles commises par trois prêtres. Convoqué par un procureur chilien en octobre, Mgr Ezzati, le plus haut dignitaire de l’Eglise catholique dans le pays, avait gardé le silence, tout en promettant devant la presse la plus grande collaboration. Le cardinal Ezzati est notamment soupçonné d’avoir couvert Oscar Muñoz, un curé de 56 ans accusé d’avoir abusé au moins sept mineurs entre 2002 et 2018, dans les villes de Santiago et Rancagua, au sud de la capitale. Mgr Ezzati est également soupçonné d’avoir couvert Fernando Karadima, un prêtre octogénaire ayant agressé sexuellement de nombreux enfants et adultes. Ancien formateur charismatique de prêtres, M. Karadima a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d’avoir commis des actes pédophiles dans les années 1980 et 1990. Il a été contraint de se retirer pour une vie de pénitence. Le Chili est l’un des pays les plus gravement touchés par le scandale des agressions sexuelles commises par des membres du clergé et de leur gestion par les autorités ecclésiastiques. Le pape y a effectué une visite très controversée en janvier 2018, qui a débouché en avril de la même année sur une lettre aux évêques chiliens en forme de mea culpa dans laquelle il reconnaissait des « erreurs d’appréciation » sur le scandale qui secouait l’Eglise chilienne.
Le souverain pontife doit recevoir du 1er au 3 juin sept nouvelles victimes du prêtre pédophile Fernando Karadima. Il en avait déjà reçu trois il y a quelques semaines.
« Honteusement, je dois dire que nous n’avons pas su écouter et réagir à temps » face aux scandales d’abus sexuels au sein de l’Eglise chilienne, a reconnu jeudi 31 mai le pape François, dans une lettre adressée aux Chiliens. Le souverain pontife doit recevoir du 1er au 3 juin sept nouvelles victimes du prêtre pédophile Fernando Karadima. Il en avait déjà reçu trois, des hommes, il y a quelques semaines.
Le pape récemment annoncé des « changements » à court, moyen et long termes pour rétablir « la justice » au sein de l’Eglise chilienne, après avoir lu les conclusions d’une enquête qu’il avait diligentée sur des abus sexuels commis par le clergé.
Le 18 mai, l’ensemble de la hiérarchie de l’Eglise a présenté sa démission dans le cadre d’un gigantesque scandale de pédophilie et d’omerta – un coup de tonnerre qui a fait suite à une série de mea culpa du pape.
Ce dernier avait d’abord pris la défense de l’évêque Juan Barros, soupçonné d’avoir tu les actes de pédophilie du prêtre Fernando Karadima dans les années 1980 et 1990. Un soutien qui avait terni sa visite au Chili en janvier. Condamné par la justice vaticane en 2011, le père Karadima a été contraint de se retirer pour une vie de pénitence.
Le souverain pontife a également rappelé jeudi que les prêtres Charles Scicluna et Jordi Bertomeu, qui s’étaient rendus au Chili en février pour écouter les victimes de tels abus, se rendraient bientôt de nouveau dans ce pays d’Amérique du Sud.
Les manifestantes exigent un protocole à appliquer dans les universités en cas de harcèlement sexuel.
On n’avait jamais vu cela au Chili. Depuis deux semaines, des centaines d’étudiantes occupent, les unes après les autres, des universités à travers tout le pays, pour dénoncer le harcèlement sexuel et le sexisme dans l’enseignement supérieur, exigeant une lutte effective contre les violences sexuelles.
« Education sexuelle publique, féministe et non sexiste », « Non au harcèlement sexuel et à l’impunité » ou encore « Etat patriarcal, nous allons t’avorter » : d’immenses banderoles recouvrent les façades de près d’une vingtaine de prestigieux établissements supérieurs à Santiago, mais aussi à Valdivia, Concepcion et Temuco, dans le sud du pays, en passant par Valparaiso (Centre-Ouest). Ce mouvement a été rejoint à Santiago par des élèves de plusieurs collèges qui dénoncent des dizaines de cas de harcèlement sexuel, ignorés par les autorités.
L’occupation féministe des universités est partie, à la fin d’avril, de l’université australe de Valdivia après qu’un enseignant, soupçonné de harcèlement sexuel sur une employée, a été renvoyé, tout en bénéficiant d’une importante prime de licenciement. Deux semaines plus tard, c’était le tour de la faculté de droit de l’université du Chili, où les étudiantes ont dénoncé l’inefficacité de la procédure engagée contre un professeur, lui aussi accusé de harcèlement sexuel à l’encontre d’une étudiante. Après huit mois d’enquête, cet enseignant a simplement été sanctionné pour faute administrative.
Les manifestantes exigent que toutes les universités mettent en place un protocole à appliquer en cas de harcèlement sexuel et que les coupables soient systématiquement sanctionnés, ce qui est rarement le cas aujourd’hui. Actuellement, aucun texte n’encadre le harcèlement sexuel entre professeurs et étudiants au sein de l’université. Les étudiantes dénoncent également le manque criant de parité dans les postes à responsabilités au sein des universités, occupés en grande majorité par des hommes. Elles réclament par ailleurs une féminisation des enseignements par l’introduction des problématiques de genre dans chaque spécialité, une plus forte présence des auteures dans les bibliographies, et elles rejettent la catégorisation entre carrières considérées pour les femmes et d’autres pour les hommes.
Face à l’ampleur du mouvement, qui n’a d’antécédent que les grandes mobilisations étudiantes de 2006, le ministre de l’éducation, Gerardo Varela, a été contraint de réagir. Après s’être réuni, le 9 mai, avec la ministre de la femme, Isabel Pla, il a affirmé être partisan d’« une éducation non sexiste ». M. Varela, qui s’oppose à la gratuité de l’éducation, est, en outre, critiqué par les manifestantes pour avoir nommé comme chef du service juridique du ministère de l’éducation Tomas Henriquez, qui s’est prononcé à plusieurs reprises contre la diversité sexuelle et le droit à l’avortement. La ministre de la femme a rappelé, pour sa part, que « l’égalité de genre fait partie du programme de gouvernement ». Selon elle, « il n’y a aucune raison au Chili pour que des situations de violence, du harcèlement sexuel jusqu’au viol ou le féminicide restent impunies ». Jusqu’à présent, ces deux ministres ne se sont pas réunis avec les étudiantes. Le ministère de la femme et de l’égalité des genres a été créé en 2006 par l’ancienne présidente socialiste Michelle Bachelet (2014-2018, 2006-2010).
« Il existe au Chili, de toute évidence, un traitement des femmes dans l’éducation qui est terriblement injuste, avec des professeurs, qui, souvent, sans s’en rendre compte, discriminent leurs étudiantes », a admis le recteur de l’université Adolfo-Ibanez, Harald Beyer. L’écrivain chilien Rafael Gumucio a, pour sa part, enflammé les réseaux sociaux en critiquant les occupations féministes des universités, les qualifiant de « mouvements de femmes célibataires, sans enfants et sans trop de problèmes économiques » ayant « une forme de narcissisme » qui, selon lui, « n’ont rien à voir avec les historiques revendications féministes ».
Dernièrement, la société chilienne, très traditionnelle et machiste, est confrontée à une série de scandales d’abus sexuels, comme le viol collectif à Santiago d’une jeune femme de 28 ans par cinq hommes portant des maillots de l’équipe de football de l’université du Chili, qui n’ont toujours pas été arrêtés. Mais aussi le viol et le meurtre brutal d’Ambar, une enfant de 20 mois. Le 3 mai, jour des funérailles de la petite fille, auxquelles ont assisté des milliers de personnes, le président de droite Sebastian Pinera a présenté au Parlement un projet de loi pour que les agressions sexuelles deviennent imprescriptibles. Jusqu’à présent, la prescription au Chili était de cinq ans pour les délits contre les mineurs et de dix ans pour les crimes visant des enfants.
Lorena Astudillo, avocate du Réseau chilien contre la violence contre les femmes, rappelle qu’en 2017, il y a eu 36 féminicides au Chili et 96 tentatives d’assassinat de femmes. La même année, 22 540 plaintes pour agressions sexuelles, soit près de trois toutes les heures, ont été enregistrées, selon les chiffres du parquet national chilien.
Le gouvernement chilien a rendu hommage à « son courage pour réaliser le rêve de toute une vie, combattre les stéréotypes et ouvrir la voie aux autres femmes ».
Margot Duhalde a pris son envol. Seule femme pilote des Forces françaises libres durant la seconde guerre mondiale, la Chilienne est morte à l’âge de 97 ans à Santiago, a annoncé, lundi 5 février, le gouvernement chilien.
Les autorités, qui n’ont pas précisé les causes de sa mort, ont rendu hommage à « son courage pour réaliser le rêve de toute une vie, combattre les stéréotypes et ouvrir la voie aux autres femmes ». « Margot Duhalde a prouvé dans un monde d’hommes qu’il n’y a rien d’impossible pour les femmes », a réagi sur Twitter la présidente chilienne, Michelle Bachelet.
Margot Duhalde avait été une pionnière de l’aviation chilienne. « Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu voler », avait-elle confié à l’Agence France-Presse en 2017. A peine âgée de 16 ans, elle était parvenue à convaincre ses parents de la laisser quitter Rio Bueno, localité du sud du Chili, pour s’installer à la capitale, Santiago, afin d’apprendre à voler. Quitte à mentir.
A 20 ans et avec à peine une cinquantaine d’heures de vol à son actif, cette femme au caractère bien trempé est engagée comme sergente-pilote par le consulat de la France libre à Santiago. Elle avait notamment cacher son astigmatisme avant d’embarquer pour l’Angleterre.
Grâce à l’intervention d’un pilote français rencontré au Chili, elle rejoint finalement l’Air Transport Auxiliary (ATA), organisation au service de la Royal Air Force, pour assurer le transfert des avions entre les usines et les aérodromes, dont le célèbre Spitfire, l’un des chasseurs de combat les plus utilisés par les Alliés pendant la seconde guerre mondiale.Ces ferry pilots de l’ATA recevaient des formations théoriques sur les appareils à convoyer, qu’il devaient ensuite manier en s’appuyant uniquement sur un manuel. « Les hommes disaient toujours que les femmes n’allaient pas être capables de piloter les avions, mais ils devaient ravaler leur fierté, parce qu’en réalité nous volions aussi bien qu’eux ! », se rappelait Margot Duhalde en 2017.
Avec ses actes héroïques, cette mère d’un enfant a fait l’unanimité : elle été décorée par l’Angleterre, le Chili et la France, où elle a reçu la Légion d’honneur. Margot Duhalde a volé pour la dernière fois en 2007 à 86 ans.
L’afflux récent de dizaines de milliers d’Haïtiens a entraîné un durcissement des autorités.
Huit heures, la capitale du Chili commence à peine à s’agiter, mais un millier de migrants sont déjà debout depuis quatre heures. Certains ont même dormi là. Ils forment une file de plus de 500 mètres devant le bureau des visas, complètement saturé. « Mais qui sont ces Negritos, ces Noirs, que font-ils là ? », murmurent, interloqués, quelques Chiliens qui traversent la Plaza de Armas, la place centrale.
La « une » du journal La Tercera semble leur répondre : « Le gouvernement affirme qu’il y a plus d’un million d’étrangers. » Le Chili est le pays d’Amérique latine où le nombre d’étrangers a le plus augmenté.
A l’intérieur du bureau des visas, les escaliers débordent, sur cinq étages, de personnes à bout de patience. Les gardes de sécurité peinent à faire barrage. Parmi ces étrangers qui font la queue pendant des heures et des jours, près de la moitié vient de Haïti. Ce sont eux, en réalité, qui sont au centre du débat migratoire. Et des relents racistes qui l’accompagnent. Le sujet agite ce pays de 17 millions d’habitants, coincé entre la cordillère des Andes et le Pacifique.
En 2017, 111 746 Haïtiens sont entrés au Chili, contre 4 053 en 2014, puis 13 299 en 2015, année où les données ont commencé à grimper. Les 400 Haïtiens qui arrivent désormais chaque jour, selon les derniers chiffres donnés par la police, ne représentent, actuellement, que la sixième communauté de migrants. Les Vénézuéliens ou les Colombiens sont bien plus nombreux, traduisant les crises du continent. Et ce sont les ONG, l’Eglise et les universités qui tentent de pallier les déficits de l’Etat, en offrant surtout des services juridiques.
Sebastian Piñera, le nouveau président conservateur entré en fonctions le 11 mars, vient de prendre une série de mesures. D’une part, il a annoncé qu’un projet de loi migratoire serait bientôt présenté devant le Parlement. De l’autre, il a déjà pris des mesures par décret, notamment concernant les Haïtiens et les Vénézuéliens.
Depuis le 16 avril, les Haïtiens – c’est déjà le cas pour la majorité des Latino-américains et des Caribéens, à l’exception des Equatoriens et des Argentins – doivent désormais, pour entrer au Chili, avoir un visa, qu’ils doivent demander au consulat chilien à Port-au-Prince, qu’il soit touristique, de travail ou humanitaire – ce dernier sera restreint à 10 000 Haïtiens par an. Jusqu’ici, aucun visa n’était exigé.
Les décrets présidentiels incluent aussi un processus de régularisation extraordinaire pour les 300 000 migrants – toutes nationalités confondues – actuellement en situation irrégulière. Depuis lundi 23 avril, ils ont un délai d’un à trois mois pour demander un permis de résidence d’un an, même si l’on ignore combien de personnes pourront en bénéficier.
Dalinx Noel, 33 ans, est arrivé de Haïti, après neuf heures de vol, en juin 2016. « Un jour, j’ai vu une femme acheter cash cinq billets d’avion pour le Chili. Sans trop savoir pourquoi, je suis parti aussi », explique-t-il. Le durcissement des conditions d’entrée aux Etats-Unis et en Europe pousse en effet les migrants haïtiens vers d’autres destinations.
Le Brésil et le Chili se sont imposés presque naturellement en raison de la forte présence dans l’île de casques bleus de ces pays. Lorsque l’économie brésilienne a commencé à vaciller – après le Mondial et les JO –, les Haïtiens ont migré vers le Chili, le nouveau pays riche de la région. Parmi eux, 70 % sont des hommes et la moyenne d’âge est de 30 ans.
Dalinx est arrivé confiant au Chili : « Stabilité, travail, possibilité d’étudier et d’être soigné à l’hôpital », résume-t-il. Mais il va rapidement déchanter. Malgré une licence en administration économique et sociale de l’université d’Etat de Haïti et un bon niveau d’espagnol, les 300 CV qu’il a envoyés restent sans réponse. Découragé, il a effacé toutes les lignes de son curriculum et inscrit, en gros, un seul mot : plombier. On l’appelle la semaine suivante. Il découvre alors un monde d’abus contre lui et « ses frères », et fait une formation en droit pour apprendre à se défendre.
Au même moment, une Chilienne qui travaille à l’inspection du travail tombe sur un cas d’esclavagisme dans les champs. « Les patrons prenaient les passeports d’Haïtiens et les menaçaient de les dénoncer à la police », raconte-t-elle, souhaitant garder l’anonymat. Elle a aidé Dalinx à monter l’association Fupa (Fondation Urgence Pays). Il se rend chaque week-end en banlieue pour expliquer la législation aux autres Haïtiens.
Evens Clercema, lui, s’attache à donner une image positive des Haïtiens. Premier animateur noir de l’histoire de la télé chilienne, Evens est aussi danseur professionnel. Il a pu obtenir une licence de sociologie et danser, en prime time, devant la présidente d’alors, Michelle Bachelet. La compagne d’Evens, Maria Paz Hernandez, une Chilienne de 34 ans, est ingénieure. Le couple attend un enfant et symbolise une intégration réussie, mais Evens ne se leurre pas : « L’Europe a conquis l’Amérique puis a amené des Noirs pour y travailler. Nous avons toujours été vulnérables. »
Rodrigo Azocar, 30 ans, avocat à la tête du centre d’aide juridique de l’Université catholique, un système d’assistance gratuite offert par professeurs et étudiants en droit, ne prononce, pour sa part, le mot « racisme » qu’avec difficulté. « C’est tabou ici. Quand j’étais petit, je me retournais dans la rue quand je voyais un Noir tellement c’était rare. » Cependant, il corrobore sans hésiter la vulnérabilité des Haïtiens qu’il aide au quotidien.
Ces derniers sont souvent victimes d’agressions au couteau, de vols et d’expulsions par des propriétaires peu scrupuleux. Aucune statistique n’existe concernant le nombre de Haïtiens morts de froid dans les rues ou les résidences précaires. mais le cas de Benito Lalane, 31 ans, décédé en juin 2017, en plein hiver austral, a fait grand bruit dans le pays.
Pablo Valenzuela, 38 ans, est directeur du Service jésuite pour les migrants, la principale organisation non gouvernementale ayant pour vocation de protéger les migrants. Il en reçoit 5 161 par an, dont 47 % d’Haïtiens : « Ce sont les plus exclus, de par la langue et de par leur afro-descendance, dans un pays qui se croit plus blanc que ce qu’il n’est vraiment », dit-il en référence aux peuples indigènes du Chili. Sa priorité : éviter les expulsions ; 6 656 expulsions ont été prononcées entre 2016 et 2017, soit une toutes les trois heures.
« Début mars, 62 Haïtiens ont été détenus plusieurs jours à l’aéroport par la PDI, la police d’investigation. La Cour suprême a reconnu que c’était illégal, mais la police est passée outre et les Haïtiens ont été déportés », explique Pablo Valenzuela.
Tomas Greene, avocat au centre d’aide juridique, angoisse depuis l’annonce du président Piñera d’une nouvelle loi migratoire qui doit être débattue prochainement par le Parlement, et dont les contours sont encore flous : « Jusqu’ici, c’était dur, mais je pouvais les aider. Tout le système juridique et policier va désormais s’abattre sur eux. »
Le gouvernement chilien a rendu hommage à « son courage pour réaliser le rêve de toute une vie, combattre les stéréotypes et ouvrir la voie aux autres femmes ».
Une première démission refusée en début de semaine, mais une seconde validée au cours du week-end. Le pape François a accepté la démission du cardinal chilien Riccardo Ezzati, a annoncé samedi 23 mars le Vatican, cinq jours après avoir dit non à la demande du cardinal Barbarin. L’archevêque de Santiago avait, de son côté, présenté cette démission en mai 2018, comme l’ensemble des évêques chiliens, à la suite d’une série de scandales d’agressions sexuelles à l’encontre de mineurs.
Cette décision intervient alors que, selon les médias chiliens, une cour d’appel chilienne a confirmé vendredi des poursuites engagées contre le cardinal Ezzati pour ne pas avoir dénoncé des agressions sexuelles commises par trois prêtres. Convoqué par un procureur chilien en octobre, Mgr Ezzati, le plus haut dignitaire de l’Eglise catholique dans le pays, avait gardé le silence, tout en promettant devant la presse la plus grande collaboration.
Le cardinal Ezzati est notamment soupçonné d’avoir couvert Oscar Muñoz, un curé de 56 ans accusé d’avoir abusé au moins sept mineurs entre 2002 et 2018, dans les villes de Santiago et Rancagua, au sud de la capitale. Mgr Ezzati est également soupçonné d’avoir couvert Fernando Karadima, un prêtre octogénaire ayant agressé sexuellement de nombreux enfants et adultes. Ancien formateur charismatique de prêtres, M. Karadima a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d’avoir commis des actes pédophiles dans les années 1980 et 1990. Il a été contraint de se retirer pour une vie de pénitence.
Le Chili est l’un des pays les plus gravement touchés par le scandale des agressions sexuelles commises par des membres du clergé et de leur gestion par les autorités ecclésiastiques. Le pape y a effectué une visite très controversée en janvier 2018, qui a débouché en avril de la même année sur une lettre aux évêques chiliens en forme de mea culpa dans laquelle il reconnaissait des « erreurs d’appréciation » sur le scandale qui secouait l’Eglise chilienne.
Le Chili et d’autres pays d’Amérique latine relativement riches absorbent une nouvelle vague migratoire en provenance de pays démunis, comme Haïti et le Venezuela.
Le Chili a durci sa position vis-à-vis de l’immigration, comme a pu le constater le photographe Ivan Alvarado de l’agence Reuters dans les environs d’Arica, à la frontière avec le Pérou, au nord du pays. Il a aussi refusé de signer le pacte mondial des Nations unies pour les migrations, le comparant à une « camisole de force ».
Non contraignant et symbolique, cet accord a été approuvé en décembre à Marrakech par près de 160 pays et vise à améliorer l’intégration et la protection des migrants.
Grand chroniqueur de l’histoire contemporaine chilienne, Patricio Guzman livre le dernier volet d’une trilogie grandiose sur son pays meurtri par la dictature de Pinochet.
Les quarante-six années d’exil passées loin du Chili, où il est né en 1941, Patricio Guzman les a vécues sans que jamais ne se dissipent les fumées de sa maison d’enfance, désormais en ruine. Il les a néanmoins traversées en revenant sans cesse dans ce pays, par la voie du documentaire politique, afin d’en rapporter l’histoire et de garder le lien avec cet endroit du monde auquel il fut arraché après le coup d’Etat d’Augusto Pinochet en 1973. Les trente films qu’il a réalisés sur le Chili dont La Bataille du Chili (1974-1979), avec la participation de Chris Marker, Le Cas Pinochet (2001) ou Salvador Allende (2004), ont classé Patricio Guzman parmi les grands chroniqueurs cinématographiques de l’histoire contemporaine chilienne. Il est cette année à Cannes, en séance spéciale, pour La Cordillère des songes, dernier volet d’une trilogie dont les précédents – Nostalgie de la lumière (2010) et Le Bouton de nacre (2015) – sont à considérer comme des chefs-d’œuvre. Le troisième s’y ajoute.
La Cordillère des songes est la fin d’un voyage singulier, à travers le cosmos et les entrailles de la terre (empreintes de l’histoire chilienne et du combat des hommes), que le réalisateur avait commencé d’entreprendre il y a près de dix ans. La première étape l’avait conduit dans le désert d’Atacama (Nostalgie de la lumière), la deuxième en Patagonie (Le Bouton de nacre). La troisième l’a mené aux sommets de la cordillère des Andes. Paysage de ses ancêtres, métaphore du Chili quand, comme Patricio Guzman, on en est éloigné, « malle qui renferme les lois poétiques les plus importantes », silhouette grandiose de roches dont les fissures apparaissent comme des cicatrices. La cordillère est l’écho, quand elle rugit, des tirs de répression durant la dictature, du sang versé, des corps disparus ; l’écho aussi, par ses vents parfumés, d’une douceur qui n’existe plus. Le cinéaste fait œuvre de géologue pour éclairer l’histoire passée et présente. La distance qui le sépare de son pays est géographique et temporelle. Il revient vers ce qui est immuable, ce vers quoi on se tourne quand on croit avoir tout perdu.
Les Chiliens ont pu observer, mardi, une éclipse totale de soleil qui a provoqué plus de deux minutes d'obscurité en plein jour. Le Chili, capitale du monde en matière d'astronomie, a, en partie, partagé le phénomène avec son voisin argentin.
Le Chili, épicentre de l'astronomie mondiale, a connu mardi 2 juillet deux minutes et trente-six secondes de nuit en plein jour. Les habitants ont été les heureux témoins d'une éclipse totale de soleil, également visible dans une grande partie du Pacifique ainsi qu'en Argentine.
Le phénomène a commencé à 13 h 01 (19 h 01 en France) dans l'océan Pacifique. La bande d'obscurité totale, large de plus de 150 km, a ensuite atteint les côtes nord du Chili à 16 h 38 (22 h 38 en France), avant de traverser le centre de l'Argentine et de se perdre dans l'océan Atlantique.